La diffusion rapide du COVID-19 a été accompagnée par une vague globale de désinformation. Fake news et théories conspirationnistes sur le coronavirus se propagent par le biais des réseaux sociaux et des plateformes de messageries telles que WhatsApp, ce qui pose un défi majeur pour les journalistes. Mais la résistance s’organise. Dans un article publié sur le site anglophone de l’EJO, Asma Abidi propose un tour d’horizon des mesures mises en place par les services de fact-checking à travers le monde.
Le COVID-19, généralement appelé coronavirus, continue de se propager dans le monde. Depuis son apparition dans la ville chinoise de Wuhan en décembre 2019, il a infecté plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Parallèlement à la diffusion de l’épidémie, une vague de désinformation s’est propagée à l’échelle globale. Des théories conspirationnistes sur les origines du virus et des informations trompeuses concernant des remèdes contre la maladie continuent de circuler, en particulier sur internet, ce qui alimente la peur de la population dans le monde entier.
La prolifération de sources d’information peu fiables est un défi majeur pour les journalistes et leurs publics. Plusieurs services de fact-checking se sont engagés pour combattre la prolifération des fake news au sujet du coronavirus, en espérant ainsi réduire la panique qu’elles provoquent.
1.Comment les fact-checkers combattent-ils la désinformation ?
Voici un tour d’horizon des mesures prises par les services de fact-checking à travers le monde pour fournir des informations vérifiées et fiables sur le coronavirus.
Le site américain de fact-checking Politifact, appartenant au Poynter Institute, a repéré et démenti plusieurs fausses informations qui ont circulé en ligne dans les semaines qui ont suivi la découverte de l’épidémie. Chaque article publié par le site se termine par la liste des sources que les journalistes ont utilisées pour vérifier les faits. Politifact a aussi publié un guide qui analyse les tweets trompeurs, les post Facebook et les canulars devenus viraux sur les plateformes de messagerie, comme notamment WhatsApp. Selon le Washington Post, cette application est en effet de plus en plus utilisée pour répandre de la désinformation et des théories du complot sur le coronavirus.
Cette situation concerne également l’Afrique, où, depuis le premier cas survenu au Nigeria, la désinformation se propage massivement, notamment sur WhatsApp.
Pour combattre ce phénomène, AfricaCheck, le premier site indépendant de fact-checking du continent, a créé le podcast « What’s crap on WhatsApp », qui debunke les canulars et les rumeurs diffusés sur cette plateforme de messagerie. La particularité de ce format audio est qu’il est envoyé directement sur WhatsApp, sous forme de message vocal. Plusieurs épisodes du podcast ont été consacrés au flot d’informations trompeuses et dangereuses concernant l’épidémie de coronavirus.
AfricaCheck a lancé une autre initiative sur WhatsApp. Il s’agit d’un chatbot nommé « Kweli », qui se charge de vérifier des informations douteuses que les utilisateurs ont reçues sur leur portable. Une fois la vérification effectuée, le chatbot envoie à l’usager les résultats par le biais d’un message vocal, a expliqué à l’EJO le rédacteur en chef d’AfricaCheck au Nigeria, David Ajikobi.
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En Europe, l’organisation indépendante britannique FullFact a créé une newsletter spéciale consacrée aux nouvelles concernant le coronavirus.
En 2017, l’AFP a mis en place un service de fact-checking, AFP Factuel, qui déploie aujourd’hui 70 enquêteurs, actifs dans 30 pays. Ils publient des articles en plusieurs langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, l’arabe et l’indonésien.
Journaliste à l’AFP, Julie Charpentrat raconte qu’elle et ses collègues ont repéré de nombreux faux communiqués officiels annonçant de nouveaux cas de coronavirus, ainsi que de faux avis des autorités sanitaires. Les enquêteurs de l’AFP ont également trouvé des informations trompeuses sur la manière d’éviter de contracter le virus. Selon Julie Charpentrat, nombre de ces conseils de prévention fabriqués sont très dangereux, voire potentiellement mortels.
D’autres équipes de fact-checking, comme Les décodeurs du Monde, The Observers de France24, Fact Check d’AP et Snopes, ont également effectué de solides efforts pour lutter contre le déluge de la désinformation en ligne.
2.La collaboration est essentielle
En janvier 2020, au moins 48 organisations de fact-checking provenant de 30 pays ont fait front commun pour vérifier les informations circulant sur le COVID-2019. Ce projet de collaboration est coordonné par l’International Fact-Checking Network (IFCN), un réseau non partisan qui regroupe environ 80 organisations à but lucratif et non lucratif opérant dans 40 pays. Les fact-checkers impliqués dans ce projet ont créé deux hashtags sur les réseaux sociaux (#CoronaVirusFacts et #DatosCoronaVirus) et utilisent des outils tels que Google Docs, Sheets et un canal Slack pour partager des liens vers des contenus mensongers. Ils s’échangent également des articles de fact-checking qui ont déjà été publiés, pour faire en sorte que chaque journaliste puisse les traduire et les adapter à son propre contexte local.
Cristina Tardáguila, directrice associée de l’IFCN, a expliqué à l’EJO que ce projet a publié plus de 500 articles de fact-checking et sept rapports depuis son lancement. Les journalistes de l’IFCN utilisent ClaimReview, un outil de tag conçu par Schema.org pour faire en sorte que leurs articles apparaissent en bonne place dans les recherches Google. L’IFCN demande également aux plateformes comme Google, Facebook et Twitter d’intensifier leurs efforts pour lutter contre la désinformation sur le coronavirus, en faisant bien plus que des vérifications superficielles.
3.Que peuvent faire les journalistes ?
- Vérifier ce qui a déjà été fait
Le moteur de recherche Fact Check Explorer de Google permet de trouver des articles de fact-checking au sujet du coronavirus. Le géant américain s’est aussi associé avec l’Organisation mondiale de la santé pour lancer une alerte SOS, qui apparaît en haut de la page des résultats après une recherche Google concernant le coronavirus. Concrètement, cette alerte rend les informations vérifiées plus facilement visibles et accessibles.
- Soyez sceptiques à propos des photos et des vidéos
Il existe de nombreux outils qui peuvent être utilisés pour vérifier les photos et les vidéo repérées sur le web. Parmi eux se trouvent la recherche d’image inversée de Google, Baidu ou Yandex, ainsi que l’extension Tineye pour les images et l’outil de vérification vidéo Invid. De plus, Google Maps, Google Earth et Street View peuvent être très utiles pour vérifier des lieux ou des points de repère géographiques.
- Vérifiez toujours par rapport aux sources officielles
Il ne faut pas oublier que l’information officielle est presque toujours disponible quelque part en ligne. Bien que certains gouvernements puissent essayer de cacher la situation réelle dans leur pays, les sites web officiels sont dans la plupart des cas une source fiable d’informations sur le virus et sa propagation dans une zone spécifique. En voici trois exemples.
- Organisation mondiale de la santé (OMS)
- Centre européen de prévention et contrôle des maladies (CEPCM)
- Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)
D’autres conseils utiles :
- Le CPJ Safety Advisory sur la couverture de l’épidémie de coronavirus (du Committee to Protect Journalists)
- La fiche de suggestions du Open Notebook : « Covering the Coronavirus Epidemic Effectively without Spreading Misinformation ».
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